Résumé du livre sur :

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Extrait 1
Extrait 2
Extrait 3
Extrait 4



Extrait n°1 :

«Dans la fauconnerie, elle alla droit au perchoir, enfilant son vieux gantelet et prenant Preciosa sur son bras. De sa main libre, elle caressa la poitrine de l’oiseau avec la plume réservée à cet usage – le contact d’une main sur les plumes leur enlèverait leur enduit protecteur et les abîmerait. Preciosa sentit son agitation et remua sur son poignet, et Romilly fit un effort pour se calmer, puis prit le leurre et fit signe à Ker.
- Tu as de la viande fraîche pour Preciosa ?
- Oui, damisela. Je viens de faire tuer un pigeon pour la table et j’ai gardé toutes les viscères pour elle ; ils ne sont pas sortis du pigeon depuis plus de dix minutes, dit Ker.

Elle renifla la viande, soupçonneuse, puis la répartit sur le leurre. Preciosa, sentant la viande fraîche, s’agita un peu et battit des ailes. Romilly lui parla d’un ton apaisant, puis se mit en marche, donnant un coup de pied dans sa jupe. Elle alla au manège, détacha les longes et fit tournoyer le leurre au-dessus de sa tête ; Preciosa s’élança, le recul rabattant la main de Romilly, monta très haut, puis piqua sur le leurre, qu’elle saisit avant de qu’il ne touche terre. Romilly la laissa manger en paix quelques instants avant de siffler la réclame avec le petit sifflet de fauconnier que l’oiseau devait apprendre à associer avec sa nourriture, puis le chaperonna. Elle tendit le leurre à Ker en disant :
- Fais-le tourner ; je veux la regarder voler.

Docile, l’apprenti prit le leurre et le fit tournoyer au-dessus de sa tête ; de nouveau, Romilly décoiffa le faucon, le regarda voler, puis, à la réclame, piquer sur l’appât volant. Elle répéta la manœuvre encore deux fois, puis laissa le faucon finir son repas en paix, avant de la chaperonner et de le ramener à son perchoir. De nouveau, elle le caressa tendrement de la plume, lui roucoulant des paroles d’amour, sentant l’amitié et la satisfaction du faucon rassasié. Preciosa apprenait vite. Bientôt, elle volerait librement, attraperait ses propres proies puis reviendrait se poser sur son poignet…»

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Extrait n°2 :

«Elle se débattit avec les lignes et les leurres, gênée par le poids de Preciosa sur son poignet.
- Pour l’amour du ciel, Darren, ne peux-tu pas la tenir un instant ? Sinon, par charité, fixe au moins la viande sur la ligne – elle la sent et on ne pourra bientôt plus la maîtriser !
- Je la prendrai, si vous voulez bien me la confier, dit Aldéric en tendant le bras. Veux-tu venir avec moi, ma belle ?

Avec précaution, il transféra le faucon énervé du poignet de Romilly sur le sien.
- Comment l'appelez-vous? Preciosa? Cela te va bien, n'est-ce pas, ma précieuse.
Romilly regarda avec jalousie le faucon chaperonné s'installer confortablement sur le poignet d'Alderic ; mais Preciosa semblait contente, et Romilly se mit en devoir d'enrouler la ligne autour des lambeaux de viande, pour que Preciosa ne puisse pas les arracher trop facilement et soit obligée de revenir au sol pour manger, ainsi qu'un bon faucon de chasse devait le faire. Les faucons mal dressés tendaient à arracher la viande au leurre en plein vol, ce qui était un mauvais entraînement pour la chasse. On devait leur enseigner à apporter proie au sol à leur maître et à attendre qu'on leur donne leur part à la main.

- Donne-moi la ligne et les leurres, dit Darren. A défaut de mieux, je peux toujours la lancer...
Romilly la lui tendit avec soulagement.
- Merci, tu es plus grand que moi, tu peux la faire tournoyer plus haut, dit-elle, reprenant Preciosa sur son poignet.

D'une main, elle la décoiffa et leva le bras pour la lancer. Traînant ses longes derrière elle, elle s'éleva de plus en plus haut - arrivée au bout des longes, Romilly la vit tourner la tête, voir le leurre en plein ciel - replier les ailes et descendre en piqué sur le leurre, le saisir du bec et des serres, et s'abattre aux pieds de Romilly. Romilly donna le coup de sifflet que le faucon devait apprendre à associer à la nourriture, et reprit Preciosa sur son gantelet, arrachant la viande au leurre.»

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Extrait n°3 :

«Elle tendit la main vers le chaperon de Preciosa, puis hésita, voulant manifester à Alderic la courtoisie due à son hôte.
- Ferez-vous voler le premier, Seigneur Alderic ?
Il sourit et secoua la tête.
- Nous sommes aussi impatients que vous de voir les résultats du dressage de Preciosa.

D'une main tremblante, elle décoiffa Preciosa, regardant l'oiseau hérisser ses plumes. Maintenant, c'était le test, non seulement de son dressage, mais de l'acceptation du dressage par l'oiseau, de son lien avec Romilly. Elle sentit qu'elle ne supporterait pas que ce faucon qu'elle aimait, avec qui elle avait passé tant d'heures douloureuses et angoissantes, s'envole pour ne jamais revenir. Une idée lui traversa l'esprit : Est-ce ce que ressent Père maintenant que Ruyven est parti ? Et pourtant, elle devait le faire voler librement, sinon, ce ne serait rien de plus qu'un oiseau apprivoisé dans une cage, et non plus un faucon sauvage. Mais elle sentit les larmes lui monter aux yeux quand elle leva son poing et sentit Preciosa hésiter un instant, puis, d'un puissant coup d'ailes, s'envoler.

Elle s'éleva vers le ciel, et Romilly, l'esprit plein de pensées anxieuses - volera-t-elle bien ? cette longue inactivité n'aura-t-elle pas perturbé ses capacités ? -, le regarda monter. Et quelque chose en elle monta avec Preciosa, sentit la joie indicible du soleil matinal sur ses ailes, la lumière éblouissant ses yeux alors qu'elle montait, s'élevait, planait, tournait et disparaissait.

Romilly expira longuement. Elle avait disparu, elle ne reviendrait pas...»

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Extrait n°4 :

«De nouveau, elle leva les yeux. Curieux. Le faucon planait toujours dans le ciel. Elle se demanda si ce pouvait être le même que tout à l'heure... non. Il devait y avoir beaucoup de faucons dans ces montagnes, et partout où l'on portait les yeux, on devait forcément rencontrer un oiseau de proie ou un autre. Un instant, il lui sembla qu'elle planait, qu'elle voyait le plus haut faîte blanc de la Tour et une faible lumière bleue venant de l'intérieur... elle eut un vertige, ignorant si c'était le faucon ou elle qui voyait... Elle se ressaisit et rompit le rapport. Ce serait trop facile de se perdre dans cette communion avec le ciel, le vent et les nuages...

Elle rejoignit son cheval et le sella péniblement. Au moins, il avait mangé. Elle dit tout haut :
- Je voudrais presque pouvoir manger de l'herbe comme toi, mon beau...
Et le son de sa propre voix la fit sursauter.

Un autre son lui répondit : le cri aigu et strident d'un faucon qui tombe sur sa proie - oui, le faucon avait trouvé une proie, car elle sentait, quelque part dans son esprit, le sang chaud qui coulait, sensation qui lui mit l'eau à la bouche et réveilla sa faim. Le cheval recula nerveusement, et elle tira sur les rênes en lui parlant doucement - puis des ailes sombres passèrent devant ses yeux. Machinalement, elle tendit le bras, sentit l'étreinte cruelle des serres sur sa peau, et retrouva le rapport familier.
- Preciosa, s'écria-t-elle, éclatant en sanglots.

Comment, pourquoi, son faucon l'avait-il suivie à travers son errance, elle ne le saurai jamais. Le cri strident et les ailes battantes l'arrachèrent à ses larmes, et elle s'aperçut que le faucon avait dans les serres un oiseau de bonne taille, encore tiède.»

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La romance de Ténébreuse : 3. La Belle Fauconnière de Marion Zimmer Bradley
(POCKET)
(Edition originale américaine : Hawk Mistress, DAW BOOKS, Inc.)